La Banque mondiale a dépensé près de 15 milliards de dollars pour soutenir les combustibles fossiles depuis les Accords de Paris

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La Banque mondiale a dépensé près de 15 milliards de dollars pour soutenir les combustibles fossiles depuis les Accords de Paris

Une analyse publiée par l’organisation à but non allemande Urgewald estime que la Banque mondiale a dépensé près de 4 milliards de dollars pour financer les combustibles fossiles l’année dernière, alors qu’elle était sous la direction d’un négationniste du climat nommé par l’ancien président américain Donald Trump.

La Banque mondiale s’est engagée en 2017 à mettre fin au financement du pétrole et du gaz en amont – à de rares exceptions près – après 2019. Mais Urgewald a observé dans son nouveau rapport que l’engagement de la Banque mondiale ne s’appliquait qu’au financement direct, permettant à la puissante institution de canaliser des liquidités vers le pétrole et le gaz. projets gaziers grâce au « financement du commerce » proposé par sa branche du secteur privé, la Société Financière Internationale (SFI).

« Malgré la part considérable et toujours croissante du financement du commerce dans le budget de la SFI, plus de 70 % de ce montant est distribué en secret », a noté Urgewald. « Les types de biens et d’entreprises qu’elle finance ne sont même pas signalés aux actionnaires de la Banque mondiale, c’est-à-dire à nos gouvernements. Le public a le droit de savoir où va tout cet argent.

Invoquant le « grave manque de transparence » de la SFI, Urgewald a souligné qu’elle était uniquement en mesure de « formuler une estimation » pour les transactions pétrolières et gazières. Le groupe a calculé que la Banque mondiale a dépensé environ 3,7 milliards de dollars pour financer le commerce du pétrole et du gaz en 2022.

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« Cela ferait plus que tripler le niveau annuel actuel de financement des combustibles fossiles attribué à la Banque mondiale et jetterait de sérieux doutes sur les affirmations de la Banque selon lesquelles elle s’aligne sur l’Accord de Paris sur le climat », a déclaré Heike Meinhardt d’Urgewald dans un communiqué.

« Le moyen le plus simple pour une grande compagnie pétrolière ou une exploitation charbonnière d’échapper à l’attention portée à l’aide publique est de la dissimuler dans le financement du commerce. »

La Banque mondiale a longtemps été accusée de revenir sur ses engagements climatiques. Un rapport publié l’année dernière par Big Shift Global estime que la Banque mondiale a dépensé près de 15 milliards de dollars pour soutenir les combustibles fossiles depuis l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat en 2015.

À la fin de l’année dernière, l’ancien président de la Banque mondiale, David Malpass, a suscité l’indignation mondiale en déclarant qu’il n’était pas sûr d’accepter le consensus scientifique selon lequel le changement climatique est causé par la combustion de combustibles fossiles, confirmant ainsi les appels de longue date des militants du climat en faveur de réformes systémiques au sein de la banque.

« Je ne sais pas », a répondu Malpass en réponse à une question d’un journaliste sur son point de vue sur le changement climatique. « Je ne suis pas un scientifique. »

Ces commentaires ont suscité de nombreux appels à la démission de Malpass, ce qu’il a fait en juin. L’actuel président de la Banque mondiale, Ajay Banga, que le président américain Joe Biden a nommé pour remplacer Malpass, est un ancien responsable du capital-investissement qui a travaillé pour Nestlé, PepsiCo et Citibank.

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Urgewald a averti mardi dans son rapport que la Banque mondiale restera une source majeure de financement pour l’industrie des combustibles fossiles jusqu’à ce qu’elle adopte des réformes qui empêchent la SFI de soutenir le pétrole et le gaz sous couvert de « financement du commerce ».

« Le moyen le plus simple pour une grande compagnie pétrolière ou une exploitation charbonnière d’échapper à l’attention entourant l’aide publique est de la dissimuler dans le financement du commerce », a déclaré le groupe. « Il s’agit d’une énorme lacune qui doit comblée et évaluée par la divulgation publique. »

Urgewald a ajouté qu’« il ne fait aucun doute » que la Banque mondiale et la SFI « vont nier » ses conclusions et « prétendre que les chiffres sont inexacts ».

C’est exactement ce qu’a fait mardi un porte-parole de la SFI, déclarant Le gardien que « le rapport d’Urgewald contient de graves inexactitudes factuelles et surestime largement le soutien de l’IFC aux combustibles fossiles ».

« IFC communique régulièrement des informations précises et opportunes sur les projets via divers canaux », a ajouté le porte-parole.

Urgewald a contesté ce récit dans son rapport, affirmant que « le secret persistant entourant le financement du commerce rend impossible de déterminer dans quelle mesure l’IFC facilite finalement le commerce des combustibles fossiles et si la Banque mondiale est réellement alignée sur les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat ».

« Une somme exorbitante d’argent de la SFI, soit plus de la moitié de son budget, transite par les banques sans aucune surveillance de la part du (Conseil d’administration de la Banque mondiale), sans aucune possibilité de contrôle public, sans aucune responsabilité », a déclaré le groupe.

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