Les propriétaires d’appartements en copropriété doivent se préparer à une nouvelle dépense inattendue dans les prochaines années. L’évolution technologique rattrape les systèmes d’accès aux immeubles collectifs, avec l’arrivée programmée du système Vigik+. Cette mise à niveau obligatoire d’ici 2030 concerne environ 500 000 copropriétés françaises et s’ajoute aux nombreuses charges déjà supportées par les propriétaires. Bien que représentant un investissement modéré, cette modernisation soulève des questions pratiques pour les copropriétaires qui reçoivent progressivement cette information.
Modernisation des accès d’immeubles : le système Vigik+ arrive
Le dispositif d’accès que nous connaissons tous dans les immeubles collectifs s’apprête à subir une transformation majeure. Actuellement, l’entrée dans les parties communes s’effectue soit par code, soit par badge Vigik, permettant aux résidents et à certains professionnels d’accéder au bâtiment. Ce système, conçu dans les années 1990, présente désormais des failles de sécurité préoccupantes.
« Le système actuel repose sur des protocoles de sécurité devenus obsolètes, avec une technologie facilement reproductible et une connectivité limitée », explique Sylvain Lepetit, président de l’association Vigik. Face à ces vulnérabilités, une évolution devenait incontournable pour renforcer la protection des immeubles résidentiels et moderniser la gestion des accès.
Le nouveau système baptisé « Vigik+ » a commencé sa commercialisation en mai 2024. Il propose un niveau de sécurité comparable aux technologies de paiement sans contact, bien plus sophistiqué que son prédécesseur. L’innovation majeure réside également dans sa connectivité, permettant aux syndics de gérer à distance les accès de leurs différents immeubles, facilitant ainsi l’administration quotidienne des copropriétés.
Cette évolution technique, bien que nécessaire, représente une charge financière supplémentaire pour les copropriétaires qui n’avaient pas anticipé ce changement dans leur budget prévisionnel. L’intervention d’un professionnel sera indispensable pour adapter les installations existantes au nouveau standard.
Facture inattendue et échéance obligatoire pour les propriétaires
Si cette modernisation paraît anodine, elle s’ajoute néanmoins à la liste déjà longue des dépenses imposées aux propriétaires ces dernières années. Entre rénovations énergétiques, nouveaux diagnostics de performance énergétique (DPE), évolutions fiscales et diverses réglementations, cette nouvelle facture n’était certainement pas attendue par la majorité des copropriétaires.
Heureusement, l’intervention requise ne nécessite pas un remplacement complet des équipements d’interphonie. « Seule la tête de lecture doit être changée, pas l’ensemble du système d’interphone ni la serrure électrique », précise Sylvain Lepetit. Cette nuance technique permet de limiter le coût de la mise à niveau, estimé « autour d’une centaine d’euros » selon la taille de l’immeuble et le nombre de points d’accès à modifier.
Cette dépense sera répartie entre tous les copropriétaires selon les tantièmes habituels, ce qui devrait rendre la charge individuelle relativement modeste. Pourtant, la multiplication de ces « petites factures » imprévues peut peser sur le budget des propriétaires, particulièrement dans un contexte économique tendu.
Si la mise à niveau n’est pas légalement obligatoire à ce jour, une date butoir a été fixée au 1er janvier 2030. Au-delà de cette échéance, les conséquences pourraient s’avérer problématiques pour les copropriétés récalcitrantes : « les professionnels ne pourront plus rentrer dans l’immeuble », avertit l’association Vigik. Cela signifie potentiellement l’arrêt de services essentiels comme la distribution du courrier, la livraison de colis ou même l’accès des services d’urgence.
Impact pratique de cette évolution technologique
La transition vers Vigik+ implique non seulement des modifications matérielles dans les immeubles, mais également un renouvellement complet des badges professionnels. À partir de 2026, de nouveaux badges seront progressivement mis en circulation pour les différents prestataires autorisés à pénétrer dans les parties communes : facteurs, livreurs, techniciens, forces de l’ordre, pompiers et autres intervenants.
Cette évolution souligne la distinction fondamentale du système Vigik entre deux niveaux d’accès. D’une part, le système dédié aux résidents qui permet d’accéder à l’ensemble de la copropriété. D’autre part, celui réservé aux professionnels, qui limite généralement l’accès au sas d’entrée ou à certaines zones spécifiques selon les autorisations accordées.
Pour les copropriétaires et les syndics, cette mise à niveau représente une opportunité de repenser la sécurité globale de l’immeuble. Au-delà de la simple conformité technique, c’est l’occasion d’évaluer l’efficacité du contrôle d’accès et potentiellement de résoudre des problématiques préexistantes.
Les premières copropriétés ayant adopté Vigik+ témoignent déjà des avantages pratiques du système, notamment la possibilité de gérer les droits d’accès à distance, de désactiver immédiatement un badge perdu ou volé, et d’améliorer significativement la traçabilité des entrées dans l’immeuble. Ces fonctionnalités modernes contribuent à justifier l’investissement auprès des propriétaires, même si celui-ci n’était pas planifié initialement.